Extraits

Rapport de l'INSPQ sur les comportements suicidaires au Québec : portrait 2023

Contexte

Afin de soutenir la prise de décision liée à la planification et à la réalisation des politiques en prévention du suicide, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publie depuis 2004 un rapport présentant les données les plus récentes sur les comportements suicidaires au Québec.

Le Québec a fait de grands progrès en matière de prévention du suicide, et ce, grâce aux efforts d’une multitude d’acteurs et d’organisations. Les mesures de prévention mises en place semblent avoir porté ses fruits et le taux de suicide a beaucoup diminué au Québec depuis le début des années 2000. Néanmoins, ces efforts doivent continuer et même s’accentuer puisque de nouvelles réalités s’imposent. Par exemple, l’augmentation des idées suicidaires chez les jeunes filles est un phénomène particulièrement préoccupant qui devra faire l’objet d’une surveillance accrue.

De plus, en amont de la prévention du suicide, la mise en place de mécanismes de protection pour le maintien d’une bonne santé mentale demeure un enjeu majeur.

Dans ce contexte, l’implantation de mesures concrètes visant l’augmentation du bien-être et la santé mentale positive des Québécoises et des Québécois est d’autant plus nécessaire. Ce rapport annuel basé initialement sur la surveillance des suicides s’est élargi pour incorporer d’autres comportements suicidaires tels que les idées suicidaires et les tentatives de suicide. Un spectre plus large d’indicateurs de surveillance apportera une meilleure connaissance de ce qui est vécu dans la population.

Cliquez ici pour consulter le rapport de l’INSPQ. 

Besoin d'aide?

Si vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider, partout au Québec, 24/7 :

  • Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
  • Texto : #535353
  • Clavardage, informations et outils : www.suicide.ca

Faits saillants

Les principales données

  • Selon les données officielles pour l’année 2020, 1 055 personnes se sont enlevé la vie au Québec. C’est un taux ajusté de suicide de 12,3 par 100 000 personnes;
  • Le Bureau du coroner en chef du Québec n’a pas terminé de comptabiliser les suicides pour 2021, mais selon la plus récente mise à jour (16 décembre 2022), il y aurait minimalement 1 008 suicides au Québec en 2021;
  • Le taux de suicide continue de diminuer au Québec, et ce, autant chez les hommes que chez les femmes;
  • Au Québec, le suicide est au 8e rang des causes de décès dans la province;
  • Le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

Le suicide chez les hommes

  • Le taux de suicide le plus élevé s’observe chez les hommes de 50 à 64 ans;
  • Après avoir atteint un sommet en 1999, le taux de suicide chez les hommes a constamment diminué pour atteindre en 2020 le taux ajusté le plus bas depuis le début de la période d’observation, soit 18,8 par 100 000 personnes.

Le suicide chez les femmes

  • Comme chez les hommes, le taux de suicide le plus élevé chez les femmes s’observe chez celles de 50 à 64 ans;
  • Il y a une légère tendance à la hausse pour le taux de suicide chez les femmes de 65 ans et plus;
  • Après avoir atteint un sommet en 1999, le taux de suicide chez les femmes a constamment diminué pour atteindre en 2020 le taux ajusté le plus bas depuis le début des années 1990, soit 5,9 par 100 000 personnes.

Utilisation des services hospitaliers pour comportements suicidaires

  • Les adolescents et adolescentes (15-19 ans) et les jeunes adultes (20-34 ans) du Québec font davantage appel aux urgences pour tentative de suicide ou idées suicidaires comparativement aux groupes plus âgés. Ils sont aussi plus hospitalisés pour ces raisons;
  • Il y a eu une hausse importante du taux de visites aux urgences et d’hospitalisations pour comportements suicidaires chez les jeunes filles, les adolescentes et les jeunes femmes entre 2008 et 2022.

Enquête québécoise sur la santé de la population

  • La comparaison entre les deux dernières enquêtes (2020-2021 et 2014-2015) indique qu’il y a eu au cours des six dernières années une augmentation des idées suicidaires sérieuses chez les filles de 15 à 19 ans et chez les jeunes femmes de 20 à 34 ans.

Discussion

Selon les plus récentes observations, la tendance indique que le taux de suicide est encore en légère diminution en 2020. Cette tendance s’observe autant chez les hommes que chez les femmes, et ce, pour la majorité des groupes d’âge. Depuis quelques années, des mesures de prévention innovantes ont été développées au Québec et viennent s’ajouter aux efforts déjà en place pour réduire les suicides. De nouveaux modes de communication tels que l’utilisation du texto ou du clavardage sont des voies prometteuses dans la prévention du suicide. Le site suicide.ca offre d’ailleurs déjà ce type de service à la population québécoise depuis octobre 2020.

Que ce soit par les enquêtes populationnelles ou l’utilisation de services de santé, plusieurs indicateurs pointent vers le même constat : il y a une augmentation des comportements suicidaires chez les jeunes filles. En effet, la proportion d’adolescentes et de jeunes femmes qui mentionnent avoir eu des idées suicidaires sérieuses est en hausse, elles sont particulièrement à risque de se retrouver dans les urgences en raison de crises suicidaires et elles constituent le groupe avec le taux annuel d’hospitalisations pour tentative de suicide le plus élevé. Toutefois, il faut aussi souligner que le taux de suicide reste, pour cette population, le plus bas parmi l’ensemble des groupes d’âge. Des tendances similaires ont été observées dans d’autres pays comme l’Australie et les États-Unis.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette surreprésentation chez les jeunes femmes. Il est possible que ce groupe vive plus de crises nécessitant une prise en charge. Certains chercheurs identifient de nouveaux facteurs aggravants au-delà des facteurs de risque bien connus de mauvaise santé mentale, tels que les abus et les traumatismes. Parmi ces nouveaux facteurs se retrouve l’utilisation des médias sociaux par les jeunes après le lancement de Facebook (2004), Snapchat (2011) et d’autres plateformes. L’utilisation des médias sociaux pourrait diminuer les communications en face à face, entrainer une dépendance excessive à être « aimé » pour la validation sociale et ainsi affecter négativement la santé mentale, notamment chez les jeunes filles.

D’un autre côté, il est également possible que les jeunes filles soient davantage ouvertes à chercher de l’aide lorsque nécessaire, qu’elles soient bien soutenues par leurs proches et conduites plus rapidement aux urgences lorsque qu’une crise suicidaire se manifeste. Dans ce contexte, il est essentiel de continuer à promouvoir et même améliorer la recherche d’aide afin que d’autres groupes dans le besoin puissent être pris en charge lors d’évènements similaires.

Par exemple, chez les hommes d’âge mûr, la recherche d’aide doit être considérée comme une action forte, positive et acceptée socialement et non comme un signe de faiblesse.

Finalement, il faut agir en amont afin de soutenir l’adoption de stratégies pour la promotion d’une bonne santé mentale et ainsi prévenir les comportements suicidaires. Il serait pertinent de tenter de rejoindre les jeunes dans leurs milieux de vie tels que le milieu scolaire, par l’entremise des médias sociaux afin d’augmenter leur littératie en santé mentale et les outiller avec des stratégies d’adaptation positive.