Selon les plus récentes observations, la tendance indique que le taux de suicide est encore en légère diminution en 2020. Cette tendance s’observe autant chez les hommes que chez les femmes, et ce, pour la majorité des groupes d’âge. Depuis quelques années, des mesures de prévention innovantes ont été développées au Québec et viennent s’ajouter aux efforts déjà en place pour réduire les suicides. De nouveaux modes de communication tels que l’utilisation du texto ou du clavardage sont des voies prometteuses dans la prévention du suicide. Le site suicide.ca offre d’ailleurs déjà ce type de service à la population québécoise depuis octobre 2020.
Que ce soit par les enquêtes populationnelles ou l’utilisation de services de santé, plusieurs indicateurs pointent vers le même constat : il y a une augmentation des comportements suicidaires chez les jeunes filles. En effet, la proportion d’adolescentes et de jeunes femmes qui mentionnent avoir eu des idées suicidaires sérieuses est en hausse, elles sont particulièrement à risque de se retrouver dans les urgences en raison de crises suicidaires et elles constituent le groupe avec le taux annuel d’hospitalisations pour tentative de suicide le plus élevé. Toutefois, il faut aussi souligner que le taux de suicide reste, pour cette population, le plus bas parmi l’ensemble des groupes d’âge. Des tendances similaires ont été observées dans d’autres pays comme l’Australie et les États-Unis.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette surreprésentation chez les jeunes femmes. Il est possible que ce groupe vive plus de crises nécessitant une prise en charge. Certains chercheurs identifient de nouveaux facteurs aggravants au-delà des facteurs de risque bien connus de mauvaise santé mentale, tels que les abus et les traumatismes. Parmi ces nouveaux facteurs se retrouve l’utilisation des médias sociaux par les jeunes après le lancement de Facebook (2004), Snapchat (2011) et d’autres plateformes. L’utilisation des médias sociaux pourrait diminuer les communications en face à face, entrainer une dépendance excessive à être « aimé » pour la validation sociale et ainsi affecter négativement la santé mentale, notamment chez les jeunes filles.
D’un autre côté, il est également possible que les jeunes filles soient davantage ouvertes à chercher de l’aide lorsque nécessaire, qu’elles soient bien soutenues par leurs proches et conduites plus rapidement aux urgences lorsque qu’une crise suicidaire se manifeste. Dans ce contexte, il est essentiel de continuer à promouvoir et même améliorer la recherche d’aide afin que d’autres groupes dans le besoin puissent être pris en charge lors d’évènements similaires.
Par exemple, chez les hommes d’âge mûr, la recherche d’aide doit être considérée comme une action forte, positive et acceptée socialement et non comme un signe de faiblesse.
Finalement, il faut agir en amont afin de soutenir l’adoption de stratégies pour la promotion d’une bonne santé mentale et ainsi prévenir les comportements suicidaires. Il serait pertinent de tenter de rejoindre les jeunes dans leurs milieux de vie tels que le milieu scolaire, par l’entremise des médias sociaux afin d’augmenter leur littératie en santé mentale et les outiller avec des stratégies d’adaptation positive.